Douceur de marbre. Jean Baptiste Andrea mérite un Master en souvenirs d'enfance... difficiles. C'est le Rémi sans famille des rentrées littéraires, un Dickens qui twiste les grandes espérances. Après une histoire d'amour et d'orphelin dans le remarquable « Des diables et des saints » sur des airs de piano joué dans des aéroports, il troque le synthé pour le burin d'un sculpteur et polit un récit d'une beauté sans aspérité. Mimo est né pauvre, son père est mort et son corps a oublié de grandir. Il est confié aux mauvais soins d'un sculpteur de pierre dépourvu de talent mais pas de méchanceté qui en fait plus son esclave qu'un apprenti. Sortez les mouchoirs. Les mauvais traitements endurcissent le jeune garçon dont le génie du caillou se révèle. Durant cette enfance, il va rencontrer son âme soeur, Viola, fille de très bonne famille à la réputation de sorcière, assoiffée de connaissances et qui refuse son destin de cruche mondaine dans une Italie qui penche de plus en plus vers le fascisme. le duce va doucher les rêves d'enfants et la religion va vendre son âme au diable. L'écho favorable qui se propage concernant ce roman dans le qu'en-dira-t-on babéliote est mérité. La fougue romanesque du récit m'a pris en otage, évadé du temps, et je n'ai ressenti aucun essoufflement dans la narration. Un marathon de 575 pages couru au sprint du rocambolesque. Pas de temps mort, des personnages secondaires typés qui ne font pas que de la figuration, des dialogues qui sonnent comme de la poésie, des mystères de la création artistiques autour d'une sculpture maudite, de vaines quêtes de prestige ou de pouvoir et un contexte historique aussi trouble que passionnant. Que demander de plus pour parfaire la nuée d'étoiles ? Et bien, peut-être un peu plus de caractère dans le trait de plume. La prose est à mon goût un peu trop enfantine, pas assez couillue et pas seulement parce qu'elle fréquente peu les chambres à coucher ou ne relate la violence que par le biais de ses conséquences. L'auteur évoque le crime de la veille, la trahison du lendemain, le chapitre toujours en léger différé. le romancier excelle dans les incidences et les retentissements, moins dans la description brute et crue d'un évènement. Même les passages où Minno s'égare un peu dans le stupre et la boisson ne risquent pas de faire rougir une colonie de nonnes. L'écriture de Jean-Baptiste Andréa a les défauts de ses qualités, ou bien l'inverse, mais je préfère retenir le caractère très agréable de cette lecture qui dégage des ondes positives sous sa carapace dramatique, qui rassurera les âmes sensibles, cajolera les doux rêveurs et apaisera les âmes contemplatives. J'ai presque eu envie de manger du boulghour, de me lancer dans la poterie façon Ghost et penser du bien de mon voisin en refermant le livre. Il est parfois bon de bâillonner son mauvais esprit. Mon côté fleur bleue asséchée dans l'herbier jauni de mes vieilles années a apprécié la relation platonique mais passionnée de Mimo et Viola, âmes qui se chamaillent et se rabibochent sans cesse, opposés qui s'attirent, s'éloignent et se rapprochent comme des aimants versatiles, qui ne peuvent vivre l'un sans l'autre mais qui sont lucides sur les frontières sociales qui les séparent. Leurs rencontres sont des petits moments de liberté sans filtre ni secret. La lucide extra-lucide et l'artiste apolitique se disent les choses qu'ils taisent au monde. Un vrai plaisir tout public. Commenter J’apprécie 1618 Yael76 Yael76 04 octobre 2023 Un roman difficile à chroniquer, il est tellement excellent il n'en ressort que du positif . Un roman , majestueux, époustouflant, bouleversant, nous passons du rire aux larmes, C'est le premier roman de l'auteur mais certainement pas le dernier Nous faisons la connaissance de Mino alias Michelangelo, ce denier a vécu plus de 40 ans dans une abbaye, nous sommes en 1985,il sent son dernier souffle arrivé, il décide de raconter sa vie , il est atteint de nanisme. Il nait dans les bas-fond au seuil de la pauvreté, nous sommes dans le début du 20 eme siècle, son père est décédé durant la premier guerre mondial. Mino est envoyé chez son oncle, où l'alcool est son meilleur ami, Il exploite Mino sans état d'âmes, Un point commun les unis, celui de la sculpture. Mino fait ses preuves, suite un une commande importante, de la famille bourgeoise Orseni . Il fait la connaissance de Viola, un rencontre qui n'aurait jamais du se faire, mais rien ne peut effacer, le lien d'amitié qu'ils ont tissé, Ils ont les même idéaux, les mêmes centres d'intérêt soif de changement, Viola se marie, convention de la haute société, suite à une chute vertigineuse, elle ne pourra pas voir d'enfants, Mino continue sa vie en tant que sculpteur, qui se fait une renommer au fil des pages. La relation avec Viola n'est pas simple mais perdure Nous sommes dans une période de tremplin, la montée du fascisme, Tant d'obstacles qu'il aura à surmonter, la reprise en contact avec Viola. Mino Viola, Viola Mino, deux personnages qui dégagent une empathie très forte, Nous ne pouvons pas être indifférent, une sensation de faire parti du décor. L'auteur nous envoûte, sans aucune difficulté dans son histoire. le sujet est traité avec pudeur ,, La plume de l'auteur est fluide, sensible, subtile et poétique. Une lecture bouleversante, émouvante. Mino vient de vous raconter sa vie, Je ne peux que vous conseiller ce livre. Bravo à l'auteur,